Son nom résonne dans toutes les oreilles de l’Artois. Aussi glaçante que le froid, aussi piquante que l’aiguille, aussi perçante que l’épée, telle est Mahaut d’Artois.
Princesse d’Artois, Mathilde dite Mahaut naquit en 1268, de l’union entre Robert II d’Artois et d’Amicie de Courtenay. Première née de la famille, il naquit un an plus tard un fils Philippe, puis en 1271 un petit Robert, qui ne vivra guère longtemps. Ce dernier petit frère, Mahaut ne s’en souvint même plus, tellement il a été une part insignifiante de sa vie. Mahaut était proche de ses parents, surtout de son père, qui voyait en elle une enfant avec une poigne de fer et un caractère bien plus courageux que celui de son fils. En 1275, elle perdit sa mère, une femme qu’elle avait aimée tendrement, mais qu’elle oublia vite, puisqu’elle fut effacée par les autres épouses de son père. Bien éduquée, elle devint une jeune fille intelligente qui devint l’un des partis les plus prisé du royaume. Ce fut Othon IV de Bourgogne, qui le 9 juin 1291 obtint sa main. Le mariage fut fastueux en présence de toutes les grandes têtes du royaume. Mahaut était fière de cette union, puisqu’elle avait trouvé un titre qui équivalait celui de son comté natal, elle était comtesse de Bourgogne. Le mariage était une union de raison, le couple ne s’aima pas, mais se respecta en raison de l’intelligence de l’un et de l’autre. De cette union naquirent deux filles, Jeanne et Blanche, puis un fils Robert.
La vie de Mahaut prit un tournant 11 juillet 1302, à la mort de son père, durant la bataille de Courtrai. Son propre frère Philippe étant mort en 1298, Mahaut écarta son neveu Robert, âgé de seize ans, de la succession. Avec son mari, elle devint la nouvelle comtesse d’Artois, mais elle était aussi la femme la plus puissante du royaume. En 1303, ce fut au tour de son époux de disparaître suite à ses blessures, obtenues durant la même bataille, son fils étant âgé de trois ans, Mahaut devint la nouvelle régente de Bourgogne, en plus d'être celle du comté d'Artois. Paire de France, elle profita de son prestige à la cour, pour faire marier ses deux filles aux fils du roi, son ainée Jeanne épousa en 1307 Philippe de France et en 1308, ce fut au tour de Blanche, qui épousa Charles le dernier fils de Philippe le Bel. En 1309, sa rivalité avec son neveu Robert prit un nouveau tournant, l’homme se rendit à la cour pour lui attenter un procès, mais il le perdit, ce qui renforça l’orgueil de Mahaut et la haine de Robert. Depuis, Robert rechercha n’importe quel moyen pour nuire à sa tante. Cela, il le trouva auprès des propres filles de Mahaut, en effet, avec l’aide d’Isabelle de France, il parvint à dévoiler l’effroyable adultère des brus du roi. Blanche fut reconnue coupable d’adultère et enfermée, tandis que Jeanne, que le tribunal a reconnu, comme étant au courant de cette affaire, fut mise en résidence surveillée Cette affaire porta un coup effroyable à Mahaut qui crut ne pas se remettre, surtout qu’un an plus tard, son fils Robert mourut. Mahaut fit alors tout pour faire sortir sa Jeanne de son isolement. Elle parvint à convaincre Philippe de reprendre son épouse et peu avant le mariage du roi Louis X, Jeanne revint auprès des siens. Mahaut a gagné une première bataille, mais sa guerre pour défendre sa chère Artois n’était qu’à son commencement.
Commencement est effectivement le terme à utiliser puisque Robert d'Artois est parvenu, quelques mois avant la mort du roi Louis X, à obtenir un nouveau procès pour examiner ses preuves. Louis X mort, les prétentions de Robert peuvent se faire encore plus forte alors que son rêve de voir son gendre Philippe sur le trône peut se réaliser. Mahaut doit jouer avec finesse si elle veut espérer conserver à la fois son comté et voir sa fille aînée reine de France...

L’orgueil peut conduire à la haine, l’envie peut conduire au meurtre. Un héritage perdu, un homme laissait pour compte, tel fut le destin tumultueux de cet homme.
Ce fut en l’année 1287 que Robert d’Artois naquit de l’union entre Philippe d’Artois seigneur de Conches-en-Ouche et de Blanche de Bretagne fille du duc Jean II de Bretagne. Avant lui naquit une fille Marguerite et après lui vinrent quatre autres. Il était donc le seul fils, l’unique héritier de son père, mais aussi du comté d’Artois par lui. Son destin était tout tracé et son ambition était d’autant plus grande, surtout à la mort de son père le 11 septembre 1298, suite à des blessures de guerre. Durant son enfance, Robert ne fut jamais très assidu à l’étude des lettres, il était bien plus un homme de guerre, un homme bourru, qui n’attendait qu’une chose, la mort de son grand-père pour pouvoir hériter de l’Artois. Sa mère l’avait toujours entraîné en ce sens, s’occupant bien plus de l’éducation de ses filles et poussant Robert à devenir un homme dur et combattant.
A la mort de son grand-père en 1302, suite à la bataille de Courtrai, Robert qui avait quinze ans espéra pouvoir obtenir l’Artois, mais il fut spolié par sa tante Mahaut, qui fit valoir les coutumes du comté. En effet, quand le fils mourait avant son père, les enfants de ce dernier ne pouvaient hériter. Trop jeune Robert ne s’opposa pas à sa tante, même s’il garde un goût très amer de cette trahison, pour lui une femme ne pouvait gouverner un si grand comté. Après quelques mois, Robert se mit alors en tête de récupérer, ce qu’il considérait comme son héritage légitime, faisant face à sa tante Mahaut, il fit tout pour la contrer. Suite à un procès qu’il perdit, il obtint le petit comté de Beaumont-les-Roger, mais cela ne lui suffisait pas. Robert s’engagea alors dans une longue campagne de complot pour briser chaque jour un peu plus sa tante. Il se rapprocha d’Isabelle de France et en l’influant, il parvint à faire dénoncer les brus du roi, dont deux étaient les filles de Mahaut. Même si la première Jeanne ne fut pas reconnue comme adultère, la troisième avait définitivement perdue toute légitimité. Avec cette affaire, il était parvenu à briser sa tante et il ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. A l’arrivée de Louis X sur le trône, l’homme se rapprocha de lui, pour faire valoir un nouveau procès, mais pour le moment, il n’avait toujours pas obtenu gain de cause. Pour mieux se faire voir, il participa au complot de mise à mort de Marguerite, la femme adultérine de Louis X, lui permettant ainsi de pouvoir se marier avec Clémence de Hongrie. Proche du pouvoir, rien ne semblait arrêter Robert, sauf son ambition qui devenait de plus en plus dérangeante à la cour.
Alors qu'il est parvenu à obtenir un nouveau procès face à sa tante Mahaut pour le comté d'Artois, Louis X est mort. Privé d'un soutien important dans sa quête pour retrouver son comté, Robert compte désormais beaucoup sur l'appui du comte de Valois pour espérer retrouver ce qui est sien dans cette période troublée de la longue régence qui s'annonce.

La richesse, le pouvoir, l’ascendance royale,  le nom, voilà de nombreuses choses qui font les grandes personnes. Elles sont impitoyables, dangereuses et bien souvent prêtes à tout pour obtenir ce qu’elles désirent.
Blanche de Bretagne naquit en l’année 1270, de l’union entre le duc Jean II de Bretagne et son épouse Béatrice d’Angleterre, fille d’Henry III Plantagenêt. Elle est la quatrième enfant à naître de cette famille sur six enfants qu’elle comptera. La famille de Bretagne a été, comme son ascendance, très proche de la famille royale anglaise, si bien que Blanche passa toute son enfance, à la cour de son royal grand-père et oncle plus tard. Heureuse, elle grandit en compagnie de têtes couronnées et de sa sœur ainée Marie, avec qui elle a toujours été très proche. Elle perdit sa mère à l’âge de cinq ans et même si la douleur fut intense, elle a toujours été très entourée, pour mieux la surmonter. Vive, intelligente, elle espérait pouvoir épouser un prince d’Angleterre, mais ses cousins moururent tous les uns après les autres. Son père étant pour la cause anglaise, ils ne rentrèrent que durant les années 1280, en France, avant qu’il ne tourne définitivement dos aux Anglais.
Blanche fut la première à quitter sa famille, et dû dire adieu pour quelques temps à sa sœur tant aimée. En effet, son père avait conclu une alliance avec la famille d’Artois et avec tout son équipage, Blanche rejoignit sa belle-famille. Philippe d’Artois était de un an son ainé, il n’était pas le plus beau des hommes, mais la jeune fille qu’elle était l’apprécia presque aussitôt. En compagnie de cette nouvelle famille, elle fut tout de suite dans son élément, choyée par son nouveau père, l’union donna vite naissance à des enfants. Elle en aura six, un garçon et cinq filles, qui étaient tous en bonne santé. Cependant, s’il y avait bien une personne, avec qui Blanche entra tout de suite en conflit, ce fut sa belle-sœur Mahaut, une femme fière, qui ne cessait de la dédaigner. Entre les deux femmes une guerre ouverte s’engagea, avec de nombreux piques, des disputes, mais tout en restant dans la finesse.
En 1297, son époux assista à la bataille de Furnes et il en revint gravement blessé. Durant un an, Blanche s’occupa de lui avec tendresse, le soignant et lui apportant soutient, jusqu’à ce qu’il succomba le 20 août 1297. A partir de ce moment-là, elle se consacra à ses enfants, surtout son fils Robert, qui prendrait plus tard le titre de comte d’Artois. Cependant, ses ambitions furent vite éteintes à la mort de Robert d’Artois en 1302, puisque ce fut Mahaut qui hérita du titre de comtesse d’Artois. Furieuse, Blanche tenta de pousser son fils à réclamer le titre, mais il se déroba, avant d’engager plus tard, une lutte acharnée contre Mahaut. Plus tard, en les années 1314-1315, Blanche se réjouit des malheurs de sa belle-sœur, qui perdit ses deux filles dans le déshonneur et son cher fils. Maintenant, il ne lui reste plus d’héritier mâle, tandis qu’elle-même en avait un, qui était plus que prêt à devenir comte d’Artois.

Les jours sombres s’accumulent, la mort est proche et les chemins mènent tous vers la famille, qui est la principale source de conflit, dans n’importe quel clan.
La belle Jeanne d’Artois naquit en l’année 1289, de l’union entre Blanche de Bretagne et de Philippe d’Artois. Jeanne était la troisième fille à naître et le quatrième enfant de la famille, après les naissances de Marguerite en 1285, de Robert en 1287 et d’Isabelle en 1288. Depuis son plus jeune âge, Jeanne est proche de son ainée Isabelle, avec qui elle formait un duo complémentaire. Elles passaient leurs journées ensemble, dormaient dans la même chambre, se coiffaient les cheveux, à tour de rôle. Rien n’aurait pu les séparer, si ce n’était la mort. Jeanne reçut une excellente éducation par sa mère, à qui elle ressemblait beaucoup, elle s’intéressait beaucoup aux histoires de la famille et avait très vite compris la haine de sa mère, pour sa tante Mahaut. D’ailleurs, Jeanne voue une haine inconditionnelle pour sa cousine Jeanne de Bourgogne et leur rivalité ne cessa de grandir, surtout quand la fille de Mahaut épousa l’un des fils du roi.
En 1298 son père disparu tragiquement, à la suite d’une longue agonie, Jeanne assista sa mère dans ce deuil, se rapprochant un peu plus d’elle. Son frère ne put obtenir le comté d’Artois, et la famille d’Artois se déchira chaque jour un peu plus. Jeanne connut d’autres séparation en 1301, sa sœur ainée Marguerite quitta la famille pour épouser Louis d’Evreux, puis ce fut sa sœur Isabelle, qui contre toute attente rejoignit un couvent. Ce choix brisa le cœur de Jeanne, qui perdit à jamais son double, sa sœur, sa meilleure amie et sa confidente. Elle ne pardonna jamais ce choix à Isabelle et lui en voudra à jamais de l’avoir abandonné. Enfin, la même année, Jeanne dut quitter sa chère Artois pour épouser en octobre Gaston Ier de Foix-Béarn. L’homme était beau et Jeanne s’en satisfaisait bien, de toute façon, elle n’avait jamais cru en l’amour et s’était vite faite à l’idée qu’elle épouserait un homme pour son argent et ses titres. En raison de son jeune âge au moment du mariage, Jeanne ne conçut pas tout de suite des enfants, ce que lui reprocha beaucoup sa belle-famille. Puis en l’année 1308, elle mit au monde un petit Gaston, qui devint l’héritier de son père. En 1309, elle mit au monde sa première fille: Jeanne.  En 1310, il y a la naissance d’un petit Roger-Bernard, l’année suivante ce fut un petit Robert qui pointa le bout de son nez. Puis ce fut au tour des jumelles Marguerite et Blanche en 1313. Dès lors qu'elle estima avoir obéi à ses devoirs et respecter son contrat de mariage en fournissant au Comté auquel elle était unie maritalement des héritiers, elle refusa sa couche à son mari.

La belle Jeanne qui n’était pas la meilleure des épouses, puisque elle devint rapidement infidèle (sa fille aînée, Jeanne, est la fille de sa première aventure extraconjugale), mais elle se plut rapidement dans son rôle de mère. Protéger ses enfants, c’était ce qui comptait le plus pour elle et maintenant, elle comprenait pourquoi sa propre mère les avait autant protégés. Malgré son éloignement, Jeanne est toujours proche de sa famille et de la cour. Elle essaye d’aider pour le mieux, son frère à récupérer le comté qui lui revient de droit.

Même dans les familles les plus ténébreuses naissent de douces petites fleurs.
Marie d’Artois naquit en 1291 de l’union entre Philippe d’Artois, héritier du comte d’Artois et de son épouse Blanche de Bretagne. Marie était la quatrième fille à naître, d’une famille qui comprendra un fils et cinq filles. Durant toute son enfance, elle fut très proche de sa plus jeune sœur Catherine, avec qui elle partageait tout, secrets, confidences et surtout ses plus grandes peurs. Marie a toujours été une jeune fille naïve et ne se sentit jamais à l’aise dans cette famille où l’ambition primée. Elle se sentait à part, sauf avec Catherine, qui était la seule à la comprendre. Comme ses autres frères et sœurs, elle reçut une excellente éducation, mais elle ne s’intéressa jamais réellement à tout cela. Son seul but dans la vie, était de rencontrer un bon mari, pour pouvoir fuir la famille d’Artois. En 1298, son père mourut tragiquement, après une longue agonie et son frère devint le chef de famille, sans pour autant obtenir le titre de comte d’Artois, à la mort de leur grand-père. Marie vit sa famille se déchirer avec sa tante Mahaut.
Peu après cet épisode, les autres filles de la famille furent toutes mariées, sauf elle et Catherine. Marie désespérait de pouvoir un jour se marier, elle craignait que le fait de ne pas être la fille du comte d’Artois ne lui apporte rien. Bien qu’elle soit très jolie, les partis ne se bousculèrent pas, jusqu’à ce qu’elle rencontre à la cour, en 1308 Jean Ier Dampierre, comte de Namur. Ils tombèrent amoureux et l’année suivante le mariage était conclu. Bien qu’elle donne rapidement naissance à des fils, la jeune femme n’était pas à l’aise dans son titre de comtesse. Alors que son mari accompagnait l’empereur du Saint empire en Italie, elle leva trop d’impôt sur ses terres et dû subir une violente révolte. Ce ne fut qu’avec le retour de son mari, en 1313, qui avec l’aide d’alliée, permit la fin de ces évènements.
Peu à l’aise, bien qu’elle fut toujours aimée de son mari, elle se réfugia dans la religion et dans l’éducation de ses nombreux enfants. De ce côté, Marie se sentait bénie par Dieu puisqu’aucun de ses enfants ne moururent dans l’enfance. Cependant, après toutes ces années de mariage, la jeune femme pensait avoir oublié à jamais son ascendance Artois, mais sa famille revint vite la solliciter. En effet, Marie reçut pour mission de se rapprocher de la nouvelle reine, pour devenir sa confidente et pour pouvoir obtenir des informations capitales pour ses proches.

Famille maudite que sont les Artois et cela bien avant la malédiction des Templiers. Cette famille souffrira jusqu’à ce que les dernières goûtes de leur sang couleront.
Catherine d’Artois naquit en l’année 1293, elle était la petite dernière d’une famille de six enfants et la cinquième fille à naître. Même si sa mère aurait aimé avoir un nouveau fils, la naissance de cette énième fille la ravie beaucoup, puisque les filles permettaient aux grandes familles de pouvoir forger de nombreuses alliances. Etant proche en âge de sa sœur Marie, elles furent élevées ensemble et ont été, durant leur jeunesse, inséparables. Catherine, tout comme sa sœur n’a jamais été dans son élément dans la famille, à cause des nombreuses rivalités, mais elle admirait beaucoup sa chère mère. D’ailleurs, toutes ses sœurs furent mariées une à une et une autre rejoignit un couvent, Catherine était la petite dernière et à partir de ce moment-là, elle apprit beaucoup de sa mère. La jeune femme s’était toujours intéressée à son éducation, mais elle préférait nettement la mode et les autres choses qui concernaient à la vie de cour. Elle le sait, elle était faite pour épouser un roi, mais jamais elle n’eut cette chance, puisqu’à l’âge de vingt ans, la jeune femme épousa Jean II de Castille, comte d’Aumale. Même si elle dut s’éloigner de ses proches, elle revenait souvent à la cour, pour croiser son frère Robert, de qui elle s’était rapprochée, ces dernières années, mais aussi sa chère mère. Catherine n’était pas heureuse en mariage, depuis deux ans, elle n’est toujours pas parvenue à donner un enfant à son époux, ce qu’il lui reproche constamment. Depuis quelques mois, son mari a même fini par la battre. Pour se venger, la belle Catherine trompe son comte de mari et elle a  l’intention de devenir une maîtresse royale. En l’année 1315, de retour à la cour, elle compte tout mettre en œuvre pour charmer le roi et pouvoir aussi obtenir, pour son frère, le comté d’Artois, sujet à de nombreuses disputes familiales.

Le poison est l’instrument de mise à mort des femmes. Discret, facile à utiliser, il fait partie des morts les plus redoutables.
Jeanne de Divion naquit en 1293 dans la châtellenie de Béthune, en Artois. Elle était la fille d’Havet de Divion, héritier d’une des plus illustres familles d’Artois et de son épouse Sara Louchard, fille d’un banquier juif d’Arras. La raison de cette mésalliance pour Havet était qu’avant son mariage il était complètement ruiné. L’union fut un échange de bons procédés, permettant à Havet de renflouer ses caisses et à Sara d’obtenir une châtellenie, sur laquelle diriger. Belle et mystérieuse, Sara était aussi un atout de taille pour son époux, en raison de son don de prescience. Elle le guidait et lui permettait de faire des affaires fructueuses.
La jolie Jeanne en grandissant hérita des facultés de ses parents. Très belle et intelligente, elle attirait tous les regards. Comme son père, elle aimait les intrigues et elle possédait le même don que sa mère, ce qui lui permettait d’avoir toujours un coup à l’avance. Très versée dans l’astrologie, elle avait pour habitude de dire l’avenir et ses connaissances, provoquant parfois leurs craintes, mais aussi leur admiration.
Avec une telle famille, Jeanne baigna durant sa jeunesse dans toutes sortes d’aventures. Elle accompagnait son père et sa mère à la guerre, fréquenta parfois les soldats, qui n’avaient de cesse de la regarder, elle et ses grands yeux noirs. Jeune et noble, sa mère avait pour habitude de la présenter à toutes ses connaissances, pour qu’elle fasse plus tard un excellent mariage. Sa beauté et son intelligence aidant, elle rencontra au début de l’année 1315 Robert d’Artois, avec qui elle intrigue. Ce dernier la considérant comme une égale, ils forment un duo diabolique. Jeanne, toujours aussi intrigante, aide Robert à fomenter une révolte en Artois, contre Mahaut, pour qu’il puisse récupérer les terres et les biens qui lui reviennent.  

Béatrice d’Hirson naquit le 2 janvier 1283, d’une petite famille désargentée de l’Artois. Sœur jumelle de Mathilde, les deux jeunes filles ne connurent que peu leurs parents. Leur père disparu tragiquement en plein combat, puis peu de temps plus tard, leur mère succomba après avoir donné naissance à un nouveau-né, qui ne survécut pas aux premiers mois de la vie.
Les deux petites filles, qui n’avaient que cinq ans à l’époque, vécurent chez leur oncle Thierry Larchier d’Hirson, qui les prit quelques années sous son aile, avant de les présenter à sa nouvelle maîtresse, Mahaut d’Artois, pour qui il était le trésorier. La comtesse de Bourgogne à l’époque prit en charge les deux petites filles et leur donna une excellente éducation, en même temps que ses enfants, Béatrice et Mathilde vécurent ainsi avec les filles Jeanne et Blanche et le petit Robert. Une certaine harmonie gagna cette sorte de famille recomposée, jusqu’à ce que la guerre entre les Artois ne les touche. Béatrice était sûrement l’une des sœurs les plus proches de Mahaut, qui avait su reconnaître en elle de nombreuses qualités. Grâce à elle, elle apprit l’art de la diplomatie, mais aussi la dangerosité des complots. Béatrice se plaisait dans cet élément et regrettait que sa sœur ne soit point comme elle. Tandis que Mathilde accompagnait la jeune Jeanne de Bourgogne dans ses déplacements, elle, elle avait la chance de rester auprès de Mahaut.
Quand le scandale des brus du roi éclata, Béatrice était la seule à consoler la comtesse d’Artois, mais elle fut aussi celle qui découvrit que Robert d’Artois avait manigancé pour les faire mettre aux arrêts. Se sentant trahie de toute part, Mahaut considéra Béatrice comme sa presque fille et cette dernière décida de rester à ses côtés, jusqu’à sa mort. Manipulatrice, Béatrice parvint à entrer en contact avec Philippe de France, pour lui mettre le doute que sa femme était innocente et l’aimait. Grâce à ses instigations, Jeanne de Bourgogne put retourner auprès de son mari, mais Béatrice ne put rien faire pour Blanche, qui était réellement coupable.
Ombre de Mahaut, Béatrice n’est pas prête de quitter sa place et elle fera tout pour que sa maîtresse soit à jamais en sécurité.